Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner et le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant ont reçu mardi 5 mai le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman. Deux rencontres qui ne font guère honneur à la France , alors qu’Avigdor Lieberman n’a eu de cesse d’exprimer des positions ultranationalistes et racistes. C’est le cas en particulier à l’encontre des Palestiniens, notamment en prônant des transferts de territoires et de populations qui relèveraient de l’épuration ethnique - ou bien encore en proposant de régler le problème des prisonniers palestiniens en les noyant dans la Mer Morte.
Alors que ce gouvernement israélien entend aggraver sur le terrain la politique de ses prédécesseurs, notamment en matière de colonisation, illégale, de la Cisjordanie et du siège imposé à toute la population de la bande de Gaza ; alors que ce gouvernement refuse en outre catégoriquement le principe d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 et rejette obstinément le droit international ; alors que se précisent, de plus, des menaces de frappes israéliennes contre l’Iran avec toutes les conséquences qu’elles auraient dans la région, la France s’est officiellement contentée d’écouter Avigdor Lieberman et de lui rappeler les principes de la communauté internationale, sans évoquer la moindre pression pour qu’Israël respecte enfin le droit international.
Ainsi, le Quai d’Orsay indique-t-il dans un communiqué que la rencontre a donné lieu à un « échange de vues sur les enjeux de politique régionale » et que « Bernard Kouchner a rappelé les attentes de la France , s’agissant en particulier de la création d’un Etat palestinien viable coexistant dans la paix et la sécurité avec Israël », sans autre forme de pression ou de mise en garde mettant un terme à l’impunité d’Israël.
Claude Guéant a quant à lui accordé un entretien de près d’une heure au chef de la diplomatie israélienne pour « échanger leurs points de vue sur la façon dont on envisage les problèmes au Proche Orient », notamment « les relations avec les Palestiniens », selon Claude Guéant lui-même qui a ajouté : « j’ai indiqué les positions de la France , M. Lieberman les siennes ».
La politique de la France au Proche-Orient ne saurait sans se déshonorer se limiter à des échanges de points de vue. Alors que la France maintient, à l’instar de l’UE, des Etats-Unis et du Canada, des sanctions économiques contre les institutions élues palestiniennes réclamant à la partie occupée la reconnaissance de l’Etat d’Israël et le respect des accords signés, elle maintient avec la partie occupante des relations diplomatiques sans faille en dépit du refus israélien de la paix. Rejetant les accords signés avec les Palestiniens, le gouvernement auquel appartient Avigdor Lieberman a aussi précisé qu’il faudrait attendre de nouveau cinq à sept ans avant la reprise de négociations politiques, cinq à sept ans pendant lesquels se consoliderait la colonisation.
C’est inadmissible, contraire au droit international, préjudiciable à la paix toujours ajournée.
Face à cela, la France ne doit pas se contenter d’écouter. Elle doit agir. Elle doit faire pression sur Israël, pour qu’enfin les droits nationaux du peuple palestinien soient respectés dans leur intégralité. Elle doit en particulier intervenir auprès de ses partenaires européens pour obtenir la suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël tant que ce dernier ne se conforme pas à ses obligations.